Ichthyopathologie
Rapport
31 mars 2002- 30 mars 2003
5.0 Relations temporelle et géographique entre les maladies, les espèces, et les types de soumission
Les Figures 1 à 4 démontrent les distributions temporelle et géographique des cas soumis et des maladies diagnostiquées.
La Figure 1 met en évidence une augmentation des nombres de maladie diagnostiquées lors de la saison estivale. Les températures plus chaudes d'été augmentent le niveau de stress chez les poissons, ce qui favorise le développement des maladies. Les maladies septicémiques (furonculose) et cutanées (les mycoses, les ulcérations, et maladie de la selle) sont plus fréquentes. La Figure 2 démontre également que la période la plus occupée pour le laboratoire de diagnostic se situe entre les mois d'avril et de septembre.
Les jeunes poissons semblent d'être plus affectés par les maladies branchiales et les parasitoses, car la majorité des ces maladies sont répertoriées dans les premiers 5 mois de l'année, quand les poissons sont encore dans l'écloserie. En fait, les problèmes dans les écloseries sont souvent associés à des problèmes d'hygiène ou de régie (accumulation des fèces ou moulée dans les auges ou bassins, sursaturation d'azote causée par les colonnes mal-propres etc.).
La nécrose pancréatique infectieuse (NPI) est retrouvée également dans les écloseries et fait habituellement suite au début de l'alimentation des alevins. On a cependant diagnostiqué la NPI à deux reprises au cours des deux dernières années chez des poissons de 6 - 8 pouces.. Typiquement, les poissons se couchaient dans le fonds des bassins, et fuyaient rapidement quand on les dérangeaient avec une puise. Ces poissons mourraient éventuellement. Dans chaque cas, la maladie a été associée avec un stress quelconque. Dans un cas, une sursaturation d'azote chronique a été dépistée, et dans un autre, une tension parasite. Il est cependant possible que l'isolement du virus de la NPI ne soit pas relié aux signes cliniques observés, et le virus étant présent chez un poisson porteur sain. Cependant, aucune autre cause de mortalité n'a été détectée dans ni l'un ni l'autre de ces cas.
La Figure 3 démontre que les plus grands nombres de cas proviennent des régions avec une concentration plus forte en pisciculture. On aurait prédit peut-être un nombre plus élevé en provenance de la région 5 (l'Estrie). Ceci s'explique par le fait que les appels dans cette région ont été référés systématiquement à un vétérinaire local, capable de rendre un service adéquat aux éleveurs.
La proportion représentée par la région 15 semble d'être démesurée si on la compare à celle d'autre régions. Ceci peut sans doute s'expliquer par le démarrage dans cette région de nouvelles entreprises.. Lors, le démarrage d'une pisciculture ou d'une station de recherche n'est pas nécessairement chose facile. Souvent, les éleveurs ou techniciens ont plus fréquemment recours aux services de diagnostiques, jusqu'à ce qu'ils acquièrent plus d'expérience avec les maladies. Les stations aux prises avec des maladies difficiles à contrôler soumettent également souvent plus d'échantillons que d'autres.
La Figure 4 nous indique que parmi les poissons d'élevages, l'Omble de fontaine est l'espèce la plus susceptible aux infections bactériennes et virales, ainsi qu'à de nombreux autres problèmes de santé. Si les truites arc-en-ciel sont affectés par une maladie quelconque, les problèmes nutritionnels, les maladies branchiales, et les infections cutanées sont le plus souvent rencontrées. Malgré cela, les truites arc-en-ciel sont moins problématiques en élevage, et sont rarement traitées à l'aide d'antibiotiques pour contrôler les septicémies bactériennes. Les espèces comme la truite brune, ou l'Omble chevalier semblent d'être aussi susceptibles que l'omble de fontaine, mais à cause de leur manque de popularité dans nos élevages Québécois, ils sont soumis moins souvent à notre laboratoire. |
Figure 1 |
Figure 2 |
Figure 3 |
Figure 4 |
6.0 Résistance aux antibiotiques
Des 49 examens bactériologiques, 4 cas de résistance simple, 3 cas de double résistance, et 4 cas de résistance quadruple ont été dépistés (Tableau 4).
Tableau 4. Antibiorésistance
Antibiotique (s) |
Cas de résistance
00-01 |
Cas de résistance
01-02 |
Cas de résistance
02-03 |
Sulfadimethoxine/Ormetoprim(Romet-30) |
0 |
1 |
0 |
Oxytétracycline (TM-Aqua) |
0 |
5 (4 de la même station) |
4 |
Romet-30 et TM-Aqua |
4 |
3 (2 de la même station) |
1 |
Florfénicol (Aquaflor) |
0 |
0 |
0 |
Florfénicol etTM-Aqua |
0 |
0 |
2 |
Florfénicol, TM-Aqua et Romet-30 |
0 |
0 |
4 (3 de la même station) |
Une souche de Aeromonas salmonicida résistante au florfenicol a été répertoriée pour la première fois dans notre laboratoire en 2002-2003. Trois stations, (un élevage, et deux stations de recherche) ont été affectées par une souche semblable. La source de cette souche reste inconnue, mais les cas semblent d'être liés au personnel manipulant les poissons ainsi qu'aux types de poissons impliqués dans les épisodes de la maladie. Le développement des souches résistantes aux antibiotiques peut arriver dans plusieurs façons incluant les mutations génétiques et le transfert des gènes de résistance. Une utilisation incontrôlée ou de manière inadéquate des antibiotiques dans un élevage à long terme peut également sélectionner des souches résistantes. La présence de résistance à deux autres antibiotiques semble indiquer que la dernière hypothèse est la plus probable, car une mutation provoquant une résistance à trois antibiotiques à la fois semble être peu probable. La force est d'admettre que des changements important dans la régie des fermes face aux maladies infectieuses seront nécessaire à court terme afin de faire face à cette nouvelle menace qu'est la résistance aux antimicrobiens. L'utilisation de vaccins, la désinfection adéquate de l'équipement (hygiène), et l'achat de poissons exempts de maladies sont au nombre des pratiques qui doivent être appliquées. Le manque de ressources en ce qui concerne les poissons certifiés exempts de maladies engendre de réels problèmes pour les gros élevages. En effet, il est difficile d'obtenir d'un éleveur certifié les quantités de poissons nécessaires pour combler les besoins de production ou simplement de les recevoir au bon moment. Le manque à gagner est souvent acheté chez un éleveur non-certifié, ce qui peut mettre la santé d'un élevage en danger, et entraîner des pertes importantes.
L'alternance des antibiotiques dans un élevage permet aussi de réduire l'apparition de résistance. Certains élevages ont utilisés cette technique à leur avantage. On note que les souches des bactéries isolées sur les sites utilisants le médicament « Aquaflor » depuis trois ou quatre ans, suite à des résultats mitigés avec l'oxytétracycline et les sulfas «potentialisés» sont redevenus sensibles à ces médicaments. Cependant, il est possible que ces souches redeviennent rapidement résistante car une sous population de bactéries résistante est probablement encore présente dans la population de bactéries. Par contre, le florfenicol est populaire avec les éleveurs en raison de son temps de retrait de 12 jours, et de son efficacité. Plusieurs élevages ne peuvent pas (à cause des ventes de poissons à courts termes) ou ne veulent pas (car ils aiment l'action rapide souvent observable en seulement 3 - 4 jours) effectuer une rotation d'antibiotiques. Ces éleveurs doivent être averti du danger de voir apparaître une souche de résistance triple.
On ne peut pas facilement calculer la fréquence de la résistance chez les éleveurs du Québec à partir des données brutes présentées ici. Nos résultats de bactériologie n'inclus pas toujours les antibiogrammes, et le diagnostic de la furonculose est parfois obtenu à partir de lésions typiques en histologie seulement. Les traitements sont alors basés sur l'historique de la furonculose à la ferme et sur les traitements utilisés auparavant et ayant prouvés leur efficacité. Également, la faculté ne compte qu'un petit pourcentage des pisciculteurs parmi ses clients, et d'autres vétérinaires peuvent faire les traitements empiriques sans évaluer la sensibilité des souches de bactéries en question. Comme on évalue souvent la souche lors des traitements, ou seulement après qu'on ait un doute sur l'efficacité du traitement en cours, les résultats quand à la fréquence réelle de souches résistantes peuvent être biaisés.
7.0 Prescriptions
Les tableaux 5 et 6 apportent des détails sur les prescriptions émises par le service ambulatoire au pisciculteurs de la Faculté de Médecine Vétérinaire.
Tableau 5. Médicaments prescrits
Médicament prescrit |
Nombre d'utilisations |
2001 - 2002 |
2002 - 2003 |
Aquaflor (florfénicol) |
40 |
23 |
TM-Aqua (oxytétracycline)/Onycin-1000 (tétracycline) |
11 |
6 |
Romet-30 (ormetoprim/sulfa) |
5 |
15 |
Baytril (Enrofloxacin) - sur Le Programme de médicaments d'urgence/Emergency Drug Release (EDR) |
0 |
1 |
TMS (tricaine methyl sulfonate) |
2 |
1 |
HCG (« human chorionic gonadotropin ») |
1 |
0 |
« SLICE » (emamectin benzoate) - sur Le Programme de médicaments d'urgence/Emergency Drug Release (EDR) |
1 |
0 |
Vaccins |
2 |
2 |
Prescriptions totales |
62 |
48 |
On note au tableau 5 une diminution du nombre total de prescriptions émises entre les années 2001-2002 et 2002-2003. Certaines fermes ont réussi à contrôler la maladie de la furonculose, diminuant et en certain cas éliminant complètement le besoin de médicaments. L'élimination des cheptels porteurs, l'attention porté à l'hygiène, l'achat de poissons exempts de maladies, et l'améliorant des conditions d'élevage et de la régie sont entres autres des raisons pour cette baisse observée.
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